Fixer des limites pour apaiser l’anxiété et le ressentiment

Getty images / Alexandr Dubynin

Veiller à ce que nos besoins soient satisfaits peut apparaître comme une situation perdue d’avance. Lorsque tout le monde vous pousse à laisser tomber, la culpabilité que vous ressentez en posant vos limites peut être trop lourde à porter. Mais alors quelle est la solution ? À long terme, l’anxiété et le ressentiment peuvent rapidement se transformer en amertume ou en hostilité et impacter nos relations avec les autres.

Aujourd’hui, Claire Eastham explique l’intérêt de défendre vos besoins, même si, dans un premier temps, vous pouvez vous sentir coupable. Elle partage également ses 4 meilleurs conseils pour poser des limites, et explique comment s’y tenir !

« Choisissez la culpabilité plutôt que l’anxiété ».

J’ai beaucoup réfléchi à cette question récemment alors que je téléphonais à ma mère. J’avais une nouvelle à lui annoncer : cette année, j’allais partir en voyage au lieu de passer Noël avec mes proches.

Ce choix était assez important. Les rituels de Noël sont ancrés en moi depuis l’enfance. Les horaires, la façon d’ouvrir les cadeaux (un par un sous le regard des autres), les plats, les jeux, les pulls…

Un vrai défilé festif de bonheur et de joie. Ou, du moins, c’est ainsi qu’on nous le présente. La réalité pour moi est toute autre, et mêle anxiété et épuisement.

Depuis l’âge de douze ans, je suis chargée de divertir les adultes. Je sers des boissons à n’en plus finir pendant que mon frère fait la sieste ailleurs. Je dois supporter les disputes sous l’emprise de l'alcool et empêcher ma grand-mère de tomber lorsqu’elle a envie d’une cigarette ou a besoin d’aller aux toilettes. Mais par-dessus tout, c’est à moi qu’il incombe de mettre l’ambiance.

J’appelle ce rituel annuel le « numéro de claquettes ». Je suis là pour engager la conversation, accomplir des tâches et assurer le service – souvent au détriment de mon propre bonheur.

Mon numéro de claquettes commence le soir de Noël et ne prend fin que le 4 janvier, car l’anniversaire de mon père tombe le 3.

Que choisir : la culpabilité ou le ressentiment ?

Les fêtes de fin d’année me dévastent. Après celles de 2021 et 2022, qui avaient été particulièrement difficiles, l’idée de devoir subir cela une nouvelle fois commençait déjà à affecter mon humeur.

Pire encore, j’avais arrêté l’alcool trois mois auparavant. La perspective de passer Noël sans aucune sorte de sédatif m’était encore plus insupportable.

J’ai fini par prendre en compte ce que j’ai lu dans le best-seller de Holly Whitaker, « Quit Like a Woman » (Le choix radical de ne pas boire dans une culture obsédée par l'alcool). Elle y raconte un incident survenu alors qu’elle passait des vacances avec sa mère.

« Choisissez la culpabilité plutôt que le ressentiment », conseille Holly Whitaker après cette anecdote. Son idée repose sur le fait que la culpabilité est moins destructrice à long terme que le ressentiment.  

Et cela m’a frappé.

La culpabilité est intense, mais elle ne m’épuise pas autant que le ressentiment ou l’anxiété.

Peut-être était-il temps de poser une nouvelle limite ?

Il me semblait qu’il était de mon devoir de rendre les autres heureux 24h/24 et 7j/7

Comme beaucoup de femmes, j’ai toujours considéré qu’il était de mon devoir de rendre les autres heureux. Ce devoir comprenait le fait de se souvenir des anniversaires de tout le monde et faire semblant d’aimer des plats ou des films qui ne me plaisent pas.

En effet, en raison de mon anxiété sociale, je crains constamment le jugement négatif des autres, même celui du livreur de colis. Des phrases comme « tu ne devrais pas te soucier de ce que pensent les autres » m’ont toujours paru risibles.

Justement, je m’en préoccupe. Et si je ne fais pas attention, je m’en préoccupe même trop. C’est la raison pour laquelle je donne la priorité aux besoins des autres par défaut. Je suis là pour leur faciliter la vie.

Je dis oui à tout. Je fais ce qu’on me demande. Je réponds aux appels peu importe l’heure. J’apporte mon soutien, souvent au détriment de mes propres émotions.

Je ne compte plus les fois où j’ai écouté quelqu’un (généralement ivre) soliloquer sur ses pensées intérieures tandis que je restais assise là, passive. Je m’en veux de perdre mon temps, mais je me sens obligée d’être présente pour ces personnes.

Pourtant, il fallait que cela change, que cela cesse.

Je me suis alors demandé : « Qu’est-ce qui me cause de l’anxiété, du stress ou un sentiment de malaise ? Quels sont les domaines de ma vie qui m’épuisent ? »

Après avoir noté mes réponses (« Noël » figurait en tête de liste !), j’ai réfléchi aux moyens d’agir.

4 façons d’imposer vos limites sans céder

1. Soyez clair sur vos besoins

Comme le dit la chercheuse et conférencière Brené Brown, « Être clair, c’est être bienveillant ».

Nous pensons ménager les sentiments des autres en leur servant des demi-vérités. Mais la plupart du temps, tourner autour du pot ne fait que semer le doute et diluer votre message.

Lorsque vous posez vos limites, exprimez ce dont vous avez besoin, puis tenez-vous y. Par exemple, si vous souhaitez établir une limite temporelle, dites quelque chose comme : « Je ne pourrai assister à cette réunion que pendant une heure. Si elle commence en retard, je partirai quand même à l’heure prévue ». Ensuite, à l’heure dite, partez sans vous excuser.

Planifiez ce que vous voulez dire et entraînez-vous à l’exprimer. Soyez honnête sur vos sentiments, mais n’entamez pas de négociations.

Étant donné que j’ai en temps normal tendance à être anxieuse au téléphone, j’ai répété ce que je devais dire au sujet des fêtes à venir avant d’appeler ma mère : « Maman, je ne passerai pas Noël en famille cette année, j’ai besoin de prendre du temps pour moi. »

Vous n’avez pas besoin de fournir davantage d’explications. Si quelqu’un vous presse de lui donner une raison, répétez : « J’ai besoin de prendre du temps pour moi », ou ce qui s’applique le mieux à votre cas.

Sinon, comme le dit la professeure Shawn M. Burn dans son article pour la revue Psychology Today (magazine américain publiant sur le thème de la psychologie et à destination du grand public) : « Si quelqu’un commence à argumenter ou à insister, coupez court par une formule du type : "Je sais que ce n’est pas ce que vous vouliez entendre, mais ma décision est prise". »

Si vous pensez que vous aurez du mal à discuter en face à face, appeler ou communiquer par messages est également possible.

2. Attendez-vous à des réactions négatives ou à des conflits

Les gens auront du mal à accepter de nouvelles limites s’ils n’y sont pas habitués.

Chaque fois qu’elle se sent perdante lors de discussions, la mère d’une de mes amies déclare soudain : « Je dois être une mauvaise mère et tu ne veux plus me voir. » Elle sait que les gens accourront pour la réconforter si elle risque de perdre le contact avec son enfant.

Vous devrez peut-être accepter que certaines personnes tentent de vous culpabiliser si vous ne vous vous pliez pas à leurs désirs ou à leurs idées. Quoi qu’il en soit, vous devez rester ferme sur vos limites.

L’une de mes anciennes managers avait pour habitude de se montrer faussement inquiète lorsque je m’affirmais : « Tout va bien, Claire ? », disait-elle. « J’ai remarqué que tu n’es pas dans le même état d’esprit que d’habitude cette semaine. »

Une autre façon de dire : « Je n’apprécie pas que tu ne sois pas aussi conciliante que d’habitude. »

Je lui ai répondu que j’allais bien, puis je lui ai répété que je ne pouvais pas rester tard ce soir-là.

3. Gérez votre inconfort si les choses tournent à la confrontation

Les conversations difficiles déclenchent généralement des émotions négatives, telles que la culpabilité, le stress, la colère ou la peur. Ayant du mal à supporter la confrontation, je suis souvent en état d’hyperexcitabilité après coup.

Je me sens dépassée ou en danger. Mon corps est submergé par un excès d’adrénaline et la panique peut me donner l’impression de faire une crise cardiaque.

Si vous éprouvez des sensations similaires après une confrontation, essayez de sortir marcher un peu (sauf avis médical contraire) ou de secouer vos bras et vos jambes. Il m’est également arrivé de faire des sauts en étoile !

Une activité physique de courte durée m’aide grandement à soulager mes symptômes.

4. Récompensez-vous d’avoir posé une limite et de vous y tenir

Après avoir exprimé vos besoins et géré les émotions qui en découlent, accordez-vous une récompense. J’adore faire du shopping sur Internet et m’offrir un pull dont je n’ai pas besoin. Manger du chocolat ou s’offrir un café gourmand peuvent également être gratifiants.

Le point à retenir

Cette nouvelle a déçu ma mère, mais elle a fini par l’accepter.

En posant des limites et en m’y tenant, je peux passer les prochains mois en étant détendue par rapport à la période de Noël . C’est tellement mieux que d’être rongée par l’angoisse !

COB-FR-NP-00134 – Avril 2025

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