
Lorsque vous passez du statut de « membre de la famille » à celui d'« aidant familial », le sentiment d’accablement, les émotions et les anciennes dynamiques familiales peuvent rendre plus difficile l’atteinte d’une communication de qualité. Susanne White vivait dans l’affrontement quotidien avec ses parents âgés et peu communicatifs, jusqu'à ce qu'elle acquière ces quatre compétences indispensables en communication pour les aidants.
Lorsque je suis devenue aidante, il m’a fallu apprendre beaucoup de choses sur la communication saine.
J'ai toujours été une grande bavarde. J'adore m'entendre parler. Je suis férue de langage et de communication, et suis curieuse de connaître mes sentiments et mes émotions, ainsi que ceux des autres. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde.
En effet, j'ai grandi dans un environnemental familial dans lequel les discussions profondes et émotionnelles n’ont jamais été une chose simple. Elles étaient même taboues. Mes parents appartenaient à une génération pour laquelle il était déplaisant voire inconvenant de faire part de ses émotions personnelles.
Mon père évitait purement et simplement les sujets délicats ou difficiles. Lorsqu'on le poussait à répondre, il ne restait jamais assez longtemps pour satisfaire mon insatiable besoin de parler en profondeur de tout.
Ma mère pouvait parler beaucoup, mais nous avions des points de vue extrêmement divergents (du moins, c'est ce que je pensais lorsque j'étais plus jeune). Elle aimait argumenter et avoir le dernier mot, de sorte que toute discussion avec elle se soldait généralement par un affrontement. Cela m'a frustrée et m’a profondément bouleversée tout au long de ma vie.
Imaginez donc mon désarroi lorsque j'ai accepté de devenir leur aidante ! Comment pourrions-nous entreprendre ce voyage sans engager de discussions sur des sujets importants ou sérieux ?
Je savais que je devais améliorer mes compétences de communication en tant qu’aidante, et trouver les moyens de changer notre façon de nous parler. Les stratégies suivantes m'ont considérablement aidée. Je suis fière que nous soyons finalement parvenus à avoir plusieurs conversations enrichissantes, dont je me réjouis encore aujourd'hui.
L'écoute active est l'une des compétences en communication les plus importantes pour les aidants, comme d’ailleurs pour quiconque. J’ai commencé à me concentrer sur ce que mon père et ma mère me disaient, plutôt que d’attendre impatiemment qu'ils finissent leur phrase. Lorsque j'ai laissé à mes parents le temps et l'espace dont ils avaient besoin pour faire part de leurs émotions, ils ont commencé à se sentir écoutés et respectés. Ils étaient ainsi plus détendus et plus ouverts pour écouter mes réponses et mes sentiments.
Le choix de l'écoute active m'a également permis d'obtenir de nombreuses informations nouvelles sur qui ils étaient et ce qu'ils vivaient. Savoir écouter est la clé absolue d'un bon échange.
Je ne saurais trop insister sur le fait que le ton de notre voix en dit souvent beaucoup plus que les mots que nous prononçons. Une communication empreinte de sarcasme ou de colère, quand bien même l’exaspération et le mécontentement seraient justifiés, ne fait qu'ériger des barrières dans la conversation et susciter des disputes. Lorsqu'ils sont accompagnés d’un ton méchant, négatif ou sarcastique, les mots ou les phrases les plus sympathiques perdent leur sens et deviennent des armes.
Restez à l'écoute de votre humeur ou de vos sentiments, en particulier avant de vous adresser à quelqu'un qui pourrait troubler votre calme. Et n'oubliez pas de vous écouter lorsque vous vous exprimez. En parlant, faites-vous preuve de sincérité, de calme et d’empathie ? Le ton de votre voix doit le refléter.
Lorsque j'utilisais un ton sincère, aimant et gentil avec ma mère, elle réagissait toujours en étant heureuse et calme, même lorsque sa démence progressait.
Soyez franc dans vos propos, mais n'oubliez pas de rester bienveillant !
Il est arrivé que mon père ou ma mère se sente mal ou passe une journée difficile. Le peu d'énergie dont ils disposaient était consacré à affronter les 24 heures à venir.
Le fait d'en être consciente et d’être attentive à leurs sentiments me permettait de déterminer le moment le plus approprié pour entamer une conversation qui leur demanderait beaucoup d’énergie. Si l'atmosphère était marquée par la fatigue ou le découragement, je préférais remettre la conversation à plus tard.
Lorsqu'un sujet important vous préoccupe, il peut être tentant de vouloir engager immédiatement la conversation. Mais j'ai appris que le fait de céder à cette tentation servait mes intérêts et non ceux de mes parents.
En tant qu'aidants, la qualité de la communication peut dépendre autant du moment où nous choisissons de dire quelque chose que de la façon dont nous le disons. Il est tout à fait légitime de laisser les émotions ou la fatigue de la personne aidée déterminer le sujet et le moment d'une conversation. En tant qu'aidants, la patience est souvent essentielle.
J'ai la fâcheuse habitude de vouloir systématiquement avoir raison, et ma mère m'a transmis ce pénible trait de caractère. Comme nous partageons cette tendance, nos conversations sont rarement agréables. Nous avons tendance à nous disputer. Je savais qu'elle ne changerait pas. Il fallait donc que ce soit moi qui évolue. Tout bien considéré, quelle importance cela pouvait-il bien avoir que ma mère insiste toujours pour avoir raison ?
La démence était en train de voler des parts de ma mère, et elle m’échappait peu à peu. En quoi le fait que je ne sois pas d’accord avec elle changeait-il quoi que ce soit ? Elle avait le droit d'avoir son point de vue, même s'il me paraissait ridicule ou erroné. Passer des moments de qualité était bien plus important. Au fil du temps, nous avons commencé à apprécier d’être ensemble, et à avoir des échanges profonds, intéressants et empreints d’amour.
Nos vies se sont enrichies lorsque j'ai décidé qu’il était préférable que nous soyons heureuses plutôt que de vouloir avoir raison.
Les compétences en communication des aidants incluent le fait d’être respectueux, serein, rassurant et attentif. Lorsque je me suis efforcée de faire preuve de toutes ces qualités dans toutes les conversations avec mes parents, notre façon de communiquer a progressivement changé. Les disputes sont devenues moins fréquentes. Se parler pouvait être constructif et agréable ! Nous avons beaucoup appris les uns sur les autres, pris de bonnes décisions et passé des moments amusants.
Alors, abordez vos proches et vos discussions en faisant preuve de délicatesse et d’attention. La vie est tellement plus belle lorsque nous vivons en bonne intelligence les uns avec les autres ! Soyez attentif, privilégiez le bien-être plutôt que de vouloir avoir raison et écoutez avec sincérité, afin que les conversations soient des moments mutuellement enrichissants et joyeux.
COB-FR-NP-00146 – octobre 2025