4 façons d’atténuer le stress lié au rôle de proche aidant

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Lorsqu’il est devenu l'aidant à temps plein de Bridget, son épouse, Rob Obey s'attendait à devoir faire face à certaines difficultés. Après s’être occupé d’elle pendant huit ans, il souhaite aujourd’hui nous partager ses quatre meilleurs conseils : 1) Concentrez-vous sur votre santé mentale et physique en tant qu'aidant familial, 2) Améliorez la communication avec votre proche, 3) Accueillez vos émotions, 4) Sachez que les choses deviendront plus faciles avec le temps.

Je m’occupe de mon épouse Bridget à plein temps depuis maintenant huit ans.

L’affection que je lui porte est aussi forte aujourd’hui que le jour où nous nous sommes rencontrés pour la première fois, alors j'aurais aimé vous dire à quel point tout a été facile. Mais si, comme moi, vous êtes aidant, vous savez que le fait de s’occuper d’une personne à plein temps peut être épuisant à certains moments, décourageant à d’autres, et que l’on peut se sentir parfois terriblement seul même avec son proche à ses côtés.

Pour moi, la question de devenir aidant à plein temps n’a pas fait débat. Pour autant, même si cela était nécessaire, ce n’en était pas moins difficile.

Je poursuivais les promotions, travaillais d'arrache-pied pour subvenir à nos besoins et vivais comme le font la plupart des couples, quand du jour au lendemain (c’est ce que j’ai ressenti), mon emploi et mon salaire ont été remplacés par une mission d’aidant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et un sentiment de tristesse accablant.

Débordé, j’ai dû m’adapter à mes responsabilités d’aidant

On dit que « le temps guérit tout » et je ne peux qu’abonder dans ce sens. Au fil des mois, la tristesse s'est progressivement estompée et je me suis habitué à notre nouvelle vie. Tout n’était plus aussi déroutant désormais, Bridget et moi avions appris à nous adapter à la situation. Mais la tristesse n'a jamais totalement disparu. Elle aime parfois se rappeler à moi.

Même aujourd’hui, huit ans plus tard, je suis submergé par des vagues de chagrin plus que par des regrets. Aucun de nous n'a choisi cette situation, et elle n’est pas le fruit de « mauvaises décisions » que nous aurions prises. Je suis plutôt triste en songeant à la vie que nous aurions pu avoir si les circonstances avaient été différentes. S’il est parfois vrai que « le temps guérit tout », l’expression « on ne peut regretter ce que l'on n'a pas vécu » n’est correcte que de façon théorique. En l’état, cette expression est au mieux une lapalissade, au pire un reproche.

Puis la réalité reprend le dessus et je me rappelle combien il est important d’être reconnaissant pour la vie que nous menons aujourd’hui. Il y a encore beaucoup de choses que j’apprécie, et cette introspection excessive fait perdre du temps et de l'énergie.

Être aidant est une mission indéniablement difficile. Il est néanmoins possible de se simplifier un peu la vie.

Mon histoire n’a rien d’exceptionnel. En effet, rares sont ceux qui envisagent de devenir un jour l’aidant à plein temps d’un proche. Souvent, le rôle d'aidant nous est dicté sans crier gare, et nous n'avons pas d'autre choix que de relever le défi qui nous est posé.

C'est l'objet du présent article. Je souhaite vous faire part de mon expérience et vous donner quelques conseils pratiques pour faire en sorte que votre passage au rôle d'aidant soit le plus harmonieux possible.

Les expériences que nous vivons, vous et moi, diffèrent peut-être, de même que les besoins de la personne dont nous nous occupons. Mais, il existe des dénominateurs communs et certaines choses vous seront utiles.

Voici quatre éléments à prendre en compte pour être ou devenir un aidant à temps plein. Car nous savons que le fait de s’occuper d’un proche est une mission difficile.

1. Prenez d'abord soin de vous

Cela peut sembler contradictoire, mais des milliers d'articles évoquent aujourd’hui la nécessité pour les aidants familiaux de prendre soin d’eux. Il existe de bonnes raisons à cela.

Pour le dire simplement, si vous êtes malade, épuisé, fatigué ou stressé, il vous sera difficile de vous occuper de quelqu'un d'autre. Si vous ne prenez pas soin de vous d'abord, vous serez tous les deux perdants.

Je le sais fort bien. J’ai négligé mon propre bien-être au début et nous en avons tous deux payé les pots cassés.

1a. Prenez soin de votre santé physique

Nous avons tendance à sous-estimer l’effort physique que demande le rôle de proche aidant. Cela peut prendre différentes formes :

  • Soulever des choses
  • Aller chercher et porter des choses
  • Pousser un fauteuil roulant
  • Aider physiquement la personne pour s’appuyer ou marcher
  • Faire du ménage
  • Assister la personne pour son bain ou sa toilette, et l’aider à s'habiller
  • Faire des courses
  • Cuisiner
  • Aller à la banque, à la poste, etc.
  • Se baisser et se relever constamment
  • Faire du bricolage
  • Tendre les bras ou garder une position inconfortable pendant plusieurs secondes

Si toutes ces activités vous semblent constituer un exercice physique suffisant, détrompez-vous. Les études ont montré qu'un travail physiquement exigeant ne peut rivaliser avec les bienfaits du sport. En fait, les hommes qui exercent un travail manuel ont une espérance de vie plus courte que ceux qui ont un emploi sédentaire et qui pratiquent 30 minutes d'activité quotidienne avant ou après le travail.

Pourquoi ? C'est presque injuste. Des médecins et des scientifiques ont également tenté d'en comprendre la raison.

Tout d'abord, les exercices cardiovasculaires (ceux qui sollicitent les poumons et le cœur) sont plus efficaces lorsqu'ils sont pratiqués sous la forme de séances courtes et intenses. Une fois l'activité terminée, le corps peut se reposer, se rétablir et se renforcer. 

Les emplois qui exigent de soulever de lourdes charges, de se tenir debout, de monter des escaliers et de garder des positions pénibles sont bénéfiques pendant un court laps de temps. Après plusieurs semaines ou mois, les quelques avantages qu'ils procurent s'amenuisent, se neutralisent et deviennent finalement négatifs.

Voici pourquoi :

Les activités réalisées pendant la journée de travail, telles que se tenir debout, monter les escaliers (même plusieurs fois au cours d’une période de service), soulever des caisses lourdes ou réaliser des mouvements répétitifs :

1) ne sont pas pratiquées de façon suffisante au cours de la journée pour répondre aux besoins d’exercice physique,

2) ne sont pas assez variées, de sorte que le corps s'y habitue rapidement (si vous bougez sans arrêt pendant des heures),

3) entraînent une forte élévation du taux de cortisol et de la tension artérielle pendant de longues périodes. Cela peut être dangereux et avoir des répercussions négatives sur la santé à long terme.

De plus, les exigences d'un travail physique ne nous permettent pas toujours de nous hydrater, de nous reposer ou de nous nourrir au moment précis où nous en avons besoin. Au lieu de cela, nous avalons de l’eau, ingurgitons de la nourriture ou tombons d'épuisement dès que l’occasion se présente.

Cela n'est pas bénéfique pour notre santé. Faire de l'exercice et se nourrir correctement (même lorsque nous n'en avons pas envie) renforcera suffisamment notre cœur et nos muscles pour inverser les effets d'un travail physiquement éprouvant.

Veillez donc à votre santé physique, même si vous n’en aviez pas l’habitude avant de devenir aidant. Je ne l'ai pas fait et suis tombé gravement malade quatre ans après avoir commencé à m’occuper de Bridget. 

J'ai fait une crise cardiaque et développé une insuffisance cardiaque. On m’a également diagnostiqué une fibromyalgie et on m'a retiré un rein à la suite d’un cancer.

Je ne pouvais plus m'occuper de moi, et encore moins de mon épouse.

J'ai eu la chance d'avoir une famille qui a pris soin de nous. Imaginez ce qui aurait pu se passer si tel n’avait pas été le cas.

Je sais que c'est difficile, mais prenez le temps de faire de l'exercice, même si vous vous limitez à de la gymnastique sur chaise lorsque vous avez une minute de libre.

Et surveillez votre alimentation. Après une journée épuisante et bouleversante sur le plan émotionnel, tout ce dont j'ai envie, c'est de m'enfoncer dans le canapé et de manger de la nourriture réconfortante. Je n'ai certainement pas le courage de préparer un en-cas sain et rassasiant alors que je suis affamé et épuisé.

Il était temps que je me rende à l'évidence. Si vous vous alimentez correctement, votre corps fonctionne mieux, vous avez davantage d'énergie et êtes plus alerte.

Si votre santé vous préoccupe, quelle que soit la nature du problème, demandez conseil à votre médecin. Vous pouvez avoir un million de raisons de ne pas vouloir demander de l'aide : vous êtes fatigué, occupé ou vous espérez que le problème va « disparaître ». Pourtant, vous devez prendre soin de votre santé avant que votre corps n'en subisse les conséquences.

J'en suis la preuve vivante.

1b. Prenez soin de votre santé mentale

Prendre soin de sa santé mentale peut s'avérer plus difficile que de gérer sa condition physique générale. Abstraction faite des virus, des bactéries, des accidents, de la génétique, etc., le fait de prendre soin de sa santé physique peut en effet se résumer à quatre actions essentielles :

1) S'alimenter sainement,

2) Faire de l’exercice pendant 30 minutes au moins 5 fois par semaine,

3) Dormir de 7 à 9 heures par nuit,

4) Éviter les mauvaises habitudes, telles que fumer ou boire de l’alcool de façon excessive, surtout pour gérer le stress.

Si l'application de ces quatre principes peut être utile, elle ne saurait pour autant garantir une bonne santé mentale. Notre santé mentale est souvent influencée par les circonstances de la vie, nos amis, nos relations et d’autres facteurs extérieurs. Nous pouvons même nous accommoder de certaines situations jusqu'à ce que notre santé mentale se détériore, sans que nous en soyons conscients.

Votre vie change de façon considérable lorsque vous devenez aidant à temps plein ou à temps partiel. Venir en aide à un proche dépendant est difficile à tous points de vue et, vous le savez, votre vie ne sera plus jamais la même. Vous et votre proche devez l'accepter.

Pour moi, mes premiers mois d’aidant ont été comme des vacances. Puis, j'ai pris conscience de l'ampleur de la tâche et je me suis senti dépassé.

Je ne me suis pas effondré, mais mon humeur s'est assombrie et est devenue de plus en plus négative au fil du temps. Je portais un lourd fardeau et je ne parvenais pas à m’en défaire.

J'aurais dû en parler à quelqu'un, un ami, un proche ou mon médecin. J'ai résisté bec et ongle, car je pensais que je pouvais gérer la situation à ma façon et que le fait de demander de l'aide était une marque de faiblesse.

J'avais tort. Rien n'a changé jusqu'à ce que j'accepte l’idée que j’avais besoin d'aide et que je me décide à la demander.

Mais avant de parler à qui que ce soit, ce qui m'a vraiment aidé, c'est l'écriture. Au fil du temps, elle est devenue mon exutoire.

L'écriture était un moyen de partager mes pensées et de me débarrasser de mes préoccupations. Je n'imaginais pas que cela deviendrait une nouvelle carrière.

De façon assez ironique, l'un de mes premiers articles s’intitulait : « Quatre choses que je déteste dans le fait d'être aidant à temps plein ».

Parler à quelqu'un aurait été plus rapide. Pourtant, l'écriture m'a permis de me libérer d'un lourd fardeau, c'était une échappatoire.

Tout cela pour dire qu'il est possible d'obtenir de l'aide si on le souhaite et si on le demande.

2. Au lieu de penser en termes d’ « aidant » et de « personne dépendante », insistez sur le fait que « prendre soin » est une affaire d’équipe

Prendre soin de quelqu'un est un processus à double sens. Il est plus efficace de veiller l'un sur l'autre en équipe que d’agir seul.

J'ai de la chance car Bridget sait faire part de ses besoins. Cela facilite les choses. Elle peut m’indiquer comment elle se sent, ce dont elle a envie et, j’ose le dire, ce que je fais mal.

Le fait d’aider NE prive PAS votre proche de son autonomie. Lorsque votre proche peut encore communiquer avec vous, que ce soit de façon verbale ou non, il serait dommageable pour votre relation que vous pensiez savoir mieux que lui ou elle ce qu’il faut faire, ou que vous passiez outre ses désirs.

Vous êtes là pour apporter un soutien pratique et émotionnel à une personne, non pour la priver de son indépendance. Le fait d'être le seul « décideur » vous expose également à une pression inutile.

Prenez le temps de vous poser pour discuter de vos attentes à chacun. À défaut, les rancœurs risquent de s'accumuler et les esprits de s'échauffer. Ce n’est pas ce que vous voulez.

3. Reconnaissez les moments difficiles, qu’ils soient passés, présents ou futurs

Dans votre rôle d’aidant, les moments difficiles ne manqueront pas. La résilience et la patience sont nécessaires pour traverser de telles périodes.

N'oubliez pas qu’être un aidant n’est pas synonyme d’être un super-héros. Vous ne remporterez pas de médaille parce que vous portez seul le fardeau. En réalité, le fait d’admettre que certaines situations sont complexes ou hors de votre portée peut s'avérer plus bénéfique que de prétendre que tout va pour le mieux.

Si vous pouvez mettre en pratique l’idée précédente que « prendre soin est une affaire d’équipe », les moments difficiles pourront être surmontés plus aisément. Au minimum, vous devez être en mesure de communiquer et de résoudre les problèmes mineurs.

Si vous ne parvenez pas à régler les problèmes entre vous, il peut être judicieux d’envisager des soutiens extérieurs. Cela peut prendre de multiples formes :

  • une thérapie (thérapie individuelle ou thérapie collective de couple)
  • des services de répits, lorsqu’ils sont disponibles et financièrement accessibles
  • une communication fréquente avec vos cercles de soutien

4. Sachez que cela devient plus facile (même quand vous avez l'impression que ce n'est pas le cas)

En tant que nouvel aidant, on peut parfois avoir l’impression que cela ne finira jamais. Nous avons tous connu des périodes sombres. Mais je vous promets que les choses deviendront plus faciles.

Et même si être aidant d'un proche est l'une des choses les plus difficiles que j’ai faites, c’est également l’une des plus gratifiantes. Cela nous a rapprochés, Bridget et moi.

Nous sommes maintenant beaucoup plus à l'écoute des besoins de l'autre parce que nous avons un objectif commun. Nous rions ensemble, nous pleurons ensemble et nous nous exaspérons mutuellement.

Mais surtout, nous avons conscience que le rôle d’aidant fait partie de notre identité, mais ne nous définit pas. Nous restons les mêmes personnes, simplement avec des responsabilités supplémentaires.

Le point à retenir

Je n'ai jamais aimé l'étiquette d’« aidant ». Je sais que c'est une appellation utile pour obtenir certains soutiens. Dans mon esprit, je ne suis qu'un homme qui fait de son mieux pour simplifier au maximum la vie de son épouse.

Il n'existe pas de guide de référence pour devenir aidant. Généralement, chacun le crée au fur et à mesure. Cela peut être agaçant, épuisant, bouleversant et financièrement ruineux. Il pourra arriver que vous tombiez malade et que vous deviez faire appel à une aide extérieure. D'autres fois, vous aurez l'impression de ne pas pouvoir donner plus que ce que vous donnez déjà.

Mais le fait de constater que votre proche est toujours là et parfois même qu’il s’épanouit donne tout son sens à cet engagement.

Je vous conseille de faire de votre mieux, de communiquer entre vous et de vous rappeler pourquoi vous faites cela. Vous êtes l'aidant de votre proche parce que vous vous aimez et vous vous faites confiance mutuellement. C’est une belle preuve de la haute estime que vous vous portez.

COB-FR-NP-00145 – octobre 2025

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