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Changeons nos idées préconçues sur les maladies cardiovasculaires

woman holding hands on her chest
Getty Images / Studio Moyo

Idée reçue n°1 sur les maladies cardiovasculaires : Les crises cardiaques n’affectent que les personnes d’âge mûr. Kimby Jagnandan s’attaque aux idées reçues qui peuvent empêcher les patients de recevoir un traitement pour leur maladie cardiovasculaire.

En 2018, un article scientifique reprenant les résultats de plusieurs études a montré une nette baisse de la mortalité due aux maladies cardiovasculaires, et notamment aux crises cardiaques. C’est une bonne nouvelle, n’est-ce pas ?

Mais à peine avons-nous eu le temps de nous en réjouir qu’un nouveau problème inquiétant est apparu. Une étude américaine de 2019 montre que les crises cardiaques augmentent chez les adultes de moins de 40 ans avec de nombreux cas se produisant au cours de la vingtaine et de la trentaine. En fait, 1 patient sur 5 faisant une crise cardiaque est âgé de 40 ans ou moins.

Au cours de la dernière décennie, on a observé une augmentation annuelle de 2 % des jeunes adultes hospitalisés présentant des symptômes de crise cardiaque. Les raisons de cette augmentation sont variées. Le diabète, l’hypertension, la toxicomanie et les antécédents familiaux de problèmes cardiovasculaires sont autant de facteurs qui peuvent augmenter le risque de maladie cardiovasculaire.

Cependant, lorsque Kimby Jagnandan a été personnellement confrontée à des symptômes cardiaques inquiétants, ses inquiétudes n’ont pas été entendues. Son équipe soignante estimait qu’à 38 ans, Kimby était « trop jeune » pour s’inquiéter de son cœur.

Moins d’un an plus tard, Kimby a été transportée en urgence en service de soins intensifs, victime d’une crise cardiaque. Après son hospitalisation, elle a rejoint un programme de réadaptation cardiaque. Elle indique :

« Parfois, je me demande si ma crise cardiaque aurait pu être évitée si j’avais été prise au sérieux et si j’avais bénéficié d’une prise en charge appropriée. Nous devons arrêter de croire en ces idées reçues sur la crise cardiaque. Les maladies cardiovasculaires peuvent survenir à tout âge. »

Êtes-vous une jeune personne atteinte d’une maladie cardiovasculaire ? Combien de fois les gens ont-ils été choqués de découvrir que vous pouviez avoir des problèmes cardiaques à un jeune âge ? 

Beaucoup de gens peuvent à peine croire que j’ai survécu à une crise cardiaque à 38 ans. J’ai même été confrontée au scepticisme de personnes alors que j’étais à l’hôpital en plein milieu de ma crise cardiaque ! 

Bien que mon expérience ait été assez horrible, elle a rendu une chose très claire : il est extrêmement important que nous luttions contre les idées reçues entourant les maladies cardiovasculaires et notamment les crises cardiaques. 

Il ne faut pas obligatoirement dépasser un certain âge pour avoir une maladie cardiovasculaire. Votre corps ne « réserve » pas ces maladies pour un âge avancé. Malheureusement, l’idée que les maladies cardiovasculaires sont des « maladies de personnes âgées » est une idée erronée à la fois courante et dangereuse. 

Et, si on y croit assez longtemps, ces idées fausses peuvent avoir des conséquences dévastatrices. 

« Trop jeune » pour avoir une crise cardiaque

J’étais en unité de soins intensifs après une crise cardiaque majeure en 2014. 

Les infirmières et les médecins ont commencé à défiler dans ma chambre pour me dire que « tout le monde ne parlait que de moi dans l’hôpital ».

Personne ne pouvait croire qu’une jeune femme de 38 ans venait d’avoir une crise cardiaque ! 

Franchement... je ne pouvais pas y croire non plus. J’étais abasourdie. Les crises cardiaques ne se produisent que chez les personnes âgées, pas vrai ? 

C’est faux. 

Quelques mois après ma crise cardiaque, mon père m’a emmenée à l’hôpital pour m’inscrire à une réadaptation cardiaque. Nous attendions ensemble dans la salle d’attente lorsque l’infirmière est venue nous parler. Elle est allée directement vers mon père et lui a demandé s’il était le patient. 

L’infirmière était très gênée lorsqu’il a répondu non et m’a désignée d’un geste. Oui, mon père et moi partageons le même nom de famille, mais, comme tant d’autres, elle était tombée dans le piège de l’âgisme. 

Au début, la réadaptation cardiaque n’a fait que renforcer mon idée que les crises cardiaques ne survenaient que chez les personnes âgées. J’étais de loin la personne la plus jeune du programme. Lorsque je suis entrée dans la salle, les autres patients m’ont regardée en se demandant évidemment ce que je faisais là. J’étais jeune, j’étais une femme... En toute logique, ils se sont dit que je devais être au mauvais endroit. En d’autres termes, quelque chose ne collait pas. 

Cette expérience m’a laissée un sentiment d’isolement et de confusion. La réadaptation cardiaque chez les jeunes était-elle si rare ? Ou bien l’apparente stigmatisation sociale était-elle fondée depuis le début ? 

Réaliser que je n’étais pas seule

Un autre jeune a finalement rejoint mon programme de réadaptation cardiaque. Il avait besoin d’un remplacement valvulaire aortique pour une affection cardiaque congénitale que les médecins avaient surveillée toute sa vie.

C’était bien que les patients plus âgés voient que des problèmes cardiaques pouvaient exister chez les jeunes générations. J’espère que cela a été instructif pour eux. 

Pour moi, c’était rassurant de rencontrer quelqu’un de mon âge atteint d’une maladie cardiovasculaire. Un autre jeune homme s’est finalement joint à nous, il avait également besoin d’un remplacement valvulaire. Avec deux personnes plus proches de mon âge dans le groupe, je me suis sentie rassurée et légitimée. Il était grand temps de changer les perceptions entourant les affections cardiovasculaires. Tout le monde peut être touché, jeune ou vieux ! 

Depuis, j’ai rencontré beaucoup d’autres personnes de mon âge qui ont lutté contre des maladies cardiovasculaires. J’ai l’impression de faire partie d’un petit club maintenant. 

Et vous savez quoi ? Aucun d’entre nous ne se juge par rapport à l’âge, car nous savons que les maladies cardiovasculaires n’affectent pas seulement les personnes âgées. 

Changer la perception des maladies cardiovasculaires

L’idée reçue selon laquelle les problèmes cardiovasculaires n’affectent que les personnes ayant atteint l’âge mûr est à la fois aliénant et dangereux. Pire encore, cette idée reçue est aussi répandue dans certains milieux médicaux. 

Certains amis m’ont dit qu’ils avaient consulté leurs médecins parce qu’ils suspectaient avoir des problèmes cardiaques. Leurs préoccupations ont été immédiatement écartées ; on leur a répondu qu’ils étaient « trop jeunes » pour s’inquiéter des affections cardiaques. Lorsqu’ils ont insisté et décrit leurs symptômes, c’était comme si leurs médecins trouvaient n’importe quelle raison à leur état, sauf celle d’une maladie cardiaque. 

Cela me met en colère parce que c’est ce qui m’est arrivé.

J’avais un œdème bilatéral des jambes (un gonflement au niveau des deux chevilles) au cours de l’année précédant ma crise cardiaque. Le gonflement des jambes est un symptôme classique de maladie cardiovasculaire.

J’ai consulté un cardiologue, mon médecin traitant et même un rhumatologue pour en identifier la cause. Ils ont effectué des tests sur mon cœur, mais ils m’ont finalement diagnostiqué une arthrite. Je n’ai pas cru à ce diagnostic parce que je savais que ça n’était pas le bon. 

Je leur ai parlé des antécédents de maladie cardiovasculaire dans ma famille. Je leur ai rappelé qu’on m’avait déjà diagnostiqué un taux élevé de cholestérol et une tension artérielle élevée, deux facteurs de risque de maladie cardiovasculaire.

Ensuite, je suis passée à des faits plus anecdotiques. J’ai dit aux médecins à quel point j’étais essoufflée en montant les escaliers, au point d’utiliser l’ascenseur chaque fois que je le pouvais. C’est un autre signe, plus subtil, de maladie cardiaque. Une personne en bonne santé cardiaque devrait pouvoir monter 60 marches en moins d’une minute sans être complètement essoufflée. Ce n’était pas mon cas. 

Malgré tout, les médecins se sont efforcés de me rassurer sur le fait que j’étais « trop jeune » pour envisager une maladie cardiovasculaire et que mes problèmes n’étaient pas liés à mon cœur. J’ai quitté leurs cabinets sans traitement et avec un faux sentiment de confiance. Je n’étais pas une professionnelle de la santé. S’ils n’ont rien vu d’anormal, c’est qu’il n’y a rien d’anormal. Avais-je exagéré mes symptômes ? Est-ce que je voulais qu’on me trouve quelque chose d’anormal ? 

Et puis, dans l’année qui a suivi ce « tout va bien », j’ai eu une crise cardiaque. Et je n’ai plus eu d’œdème bilatéral des jambes depuis que je suis sous traitement.

La vérité sur les maladies cardiovasculaires

Les maladies cardiovasculaires sont presque 5 fois plus fréquentes chez les personnes âgées de 60 ans que dans la trentaine et le début de la quarantaine. Mais les maladies cardiaques peuvent survenir à tout âge.

Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique), près de 5 % des Américains de moins de 45 ans et environ 12 % des Américains de 45 à 64 ans ont reçu un diagnostic de maladie cardiaque.

Les personnes qui présentent des symptômes caractéristiques d’un problème cardiovasculaire ne doivent pas être ignorées sous prétexte qu’elles sont « trop jeunes ». À cause de cette idée reçue, certains patients peuvent passer à côté d’un traitement qui pourrait réduire leur risque de crise cardiaque. 

Parfois, je me demande si ma crise cardiaque aurait pu être évitée si j’avais été prise au sérieux et si une prise en charge appropriée avait été mise en place. Mon cœur a été endommagé à 20 %. 

Sept ans se sont écoulés depuis que j’ai eu ma crise cardiaque. Je ne suis plus en réadaptation, mais j’ai toujours une maladie cardiovasculaire. Je prendrai des médicaments pour mon cœur à vie. 

Depuis ma crise cardiaque, j’ai développé un diabète de type 2. Je fais régulièrement des examens de contrôle avec le cardiologue qui m’a sauvé la vie, mais j’ai maintenant un stent dans les artères du cœur. Je m’angoisse à l’idée qu’il se bouche et qu’il faille m’en implanter un autre dans quelques années.

Le point à retenir 

Chacun (et chaque organisme) est différent. 

J’ai eu une crise cardiaque à 38 ans, ce qui est jeune. Nous devons arrêter de croire à ces « idées reçues » sur les crises cardiaques. Les personnes qui ont peur de consulter doivent cesser de s’inquiéter de toute stigmatisation.

Les professionnels de la santé, les patients, les amis et la famille doivent prendre au sérieux les symptômes de maladie cardiovasculaire, quel que soit l’âge de la personne. 

Aidez vos proches à prendre conscience que les maladies cardiovasculaires touchent également les jeunes. J’en suis la preuve vivante. 

Pour plus d’informations sur la prise en charge des maladies cardiaques, contactez votre médecin ou votre équipe soignante. 

COB-FR-NP-00096 – 02/2024

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